Voici le témoignage détaillé d'une histoire qui ne se déroule pas en Chine, en Russie ou même chez les très vilains vénézuéliens. Non, cela se passe en france: quand un enfant de l'âge de la maternelle dénonce des violences sexuelles, la justice le place à la garde exclusive de celui qu'il a dénoncé.
Si certains n'y croient pas, c'est normal: même en le vivant ces mamans, parfois ces pères, ont du mal à y croire.
Voici quelques extraites de ce témoignage, qui a été recueilli par l'association EPAPI - les Masques Blancs, et qu'il est important de diffuser car il est révélateur d'un système bien réel.
Que s’est-il passé après la naissance de Mélodie ?
En fait les problèmes ont commencé dès la grossesse. Lorsque je lui ai annoncé que j'étais enceinte il n'a pas eu de réaction, ni bonne ni mauvaise en fait, rien...j'ai cru que c'était le choc de l'annonce alors je lui ai fait un câlin et je n'ai pas relevé. Lorsque mon ventre est bien sorti il a commencé à devenir insultant et méchant avec moi, tout ce qu'il faisait avant pour m'aider était devenu l'inverse. Par exemple lorsque je rentrais des courses alimentaires avant il se précipitait dehors pour vider la voiture à ma place mais là que j'étais avec mon gros ventre il me disait "tu as su mettre les courses dans la voiture tu sauras les sortir!" Je ne comprenais pas ses réactions soudaines et opposées à la bienveillance qu'il avait à mon égard auparavant. J'étais obligée sans cesse de lui rappeler que j'étais enceinte.
Il oubliait les rendez-vous qui concernaient la naissance. Lorsqu'on devait partir acheter des choses pour préparer l'arrivée du bébé il oubliait toujours ses moyens de paiement de sorte que c'était toujours moi qui devait tout payer. Là encore je lui trouvait une excuse, je me disait que inconsciemment la peur de devenir père lui faisait fuir ses responsabilités et que certainement lorsque la petite serait là il changerait d'attitude..
Mais il a commencé à boire, à s'alcooliser au quotidien et de manière aiguë, à être violent et insultant. Pour moi c'était la faute à l'alcool, il était comme allergique et ça modifiait trop sa personnalité alors j'ai essayé de le faire arrêter, j'étais dans le dialogue, je voulais l'aider, je voulais qu'il redevienne comme avant.... Pendant la grossesse il a eu 2 suspensions de permis pour alcoolémie. Comme il disait "c'était pas grave puisque enceinte moi je ne pouvais pas boire alors autant que je conduise..."
La maman raconte ensuite la séparation, des épisodes de violences, de harcèlement, sa tentative de plainte rapidement classée sans suite. A ce moment, elle a encore la garde de sa fille et le père a des droits de visite et d'hébergement un week-end sur deux et la moitié des vacances.
Notre association EPAPI France, les masques blancs, s'occupe d'affaires de pédocriminalité. Vous nous avez contactés au printemps 2019 et vous m'avez raconté des faits graves que votre fille Mélodie vous a confié. Vous voulez bien nous en parler ?
Oui... c'est difficile pour moi mais il le faut. Je vais le faire pour que les gens comprennent ce qu'il se passe en France. En décembre 2016, je récupère Mélodie au retour de chez son père avec 2 énormes hématomes à l'intérieur des cuisses et la vulve irritée et gonflée. Mélodie refusait qu'on lui change sa couche et qu'on la touche, ne voulait plus de câlins. J'ai pris des photos moi-même et je suis allée déposer plainte contre X. Une expertise gynécologique a été demandée mais Mélodie a refusé l'examen. La pédiatre hospitalière m'a dit "Mélodie a subit un traumatisme mais lequel je ne sais pas vu que je n'ai pas pu voir mais ce n'est pas normal qu'une enfant de 2ans et demi ait conscience de son intimité. A cet âge là on a pas de notion de pudeur on se laisse ausculter de partout et au vu de son niveau de langage très élevé c'est surprenant qu'elle n'ait toujours pas acquis la propreté" J'ai tenté d'avoir des explications avec le père mais au lieu de m'aider à comprendre ce qu'il s'était passé il me disait "sur les photos on voit pas la tête de Mélodie, on peut croire que c'est un autre enfant ! Tu peux rien prouver !" Moi qui ne nommais personne à ce moment là j'ai pris ces phrases comme un aveux de culpabilité. J'ai essayé de le raconter aux policiers qui m'ont répondu "laissez nous faire notre travail" Cette procédure a été classée sans suite.
(...)
Ensuite comment avez-vous géré le classement ?J'ai immédiatement porté plainte auprès du juge d'instruction en me portant partie civile.J’avais la garde de notre fille et malgré tout ce qu'il s'était produit elle allait chez son père 1 weekend/2 et la moitié des vacances. Je n'avais pas le choix, c'était le jugement qui était comme ça... Mélodie était toujours très perturbée au retour de weekend chez son père.
Elle me racontait des faits de violence, se traitait elle même de "conne" quand elle échappait un objet ou faisait une bêtise. Elle disait "papa a raison je suis une merde".
Je faisais mon possible pour lui apporter de l'amour et lui expliquer que son papa avait tord et qu'il n'avait pas le droit de lui parler comme ça, que c'était une petite fille formidable et que il était normal pour un enfant de faire des erreurs car elle était en phase de construction et d'apprentissage.Toutes ces choses que j'ai vécu et celles que ma fille a vécu ont eu un fort impact sur ma santé. J'ai été très malade, j'ai fais infection sur infection (pulmonaire, ORL etc...) puis j'ai eu de gros problèmes gynécologiques. J'ai dû être opérée 2 fois pour retirer des cellules cancéreuses à l'utérus. Mes problèmes de santé ont eu un impact sur ma capacité à travailler et j'ai commencé à ne plus réussir à gagner suffisamment d'argent pour couvrir mes charges.
Cette maman a ensuite demandé l'aide des services sociaux, qui ont fait comme souvent, c'est-à-dire qu'ils ont nié les violences sexuelles et ont considéré que cette maman était responsable d'un "conflit" destiné à nuire au père: " Ces femmes ont dressé un rapport contre moi en disant que j'étais dangereuse pour ma fille, que j'aliénais Mélodie contre son père. Elles ont osé marquer que j'étais plus intéressée par mes tenues vestimentaires et mes activités professionnelles que par le bien-être de ma fille ! Elles se sont même permis de m'attribuer un syndrome de Münchhausen et de dire que je me complaisais dans la maladie et les problèmes de santé de ma fille pour me rendre intéressante".
Vous aviez la garde complète à ce moment là mais vous l'avez perdu, pourquoi ?Oui...au printemps 2018 il y a eu de nouveaux faits graves rapportés par Mélodie. Elle était sur le canapé en train de se caresser le sexe, la main dans le pyjama. Je lui ai demandé gentiment si elle avait quelque chose qui la démangeait, si elle s'était mal lavée sous la douche et m'a répondu d'un naturel déconcertant : "non maman, je fais comme Papa, j'aime bien, ça fait des chatouilles" Elle m'a alors raconté de manière détaillée et affligeante de réalisme des fellations et autres attouchements prodigués par son père. Je l'ai amené au commissariat pour qu'elle soit entendue en salle Mélanie et une audition a eu lieu. Mélodie a réitéré ses propos en apportant des précisions en faisant des démonstrations sur les poupées de la salle Mélanie où elle a léché le sexe des poupées en disant que c'était comme ça qu'elle faisait avec son papa. Elle a dessiné le sexe de Papa tout droit vers le ciel en disant qu'il était tout dur.Mélodie avait 4 ans à peine a ce moment là, elle ne pouvait pas inventer tout ça !
Sauf que la petite, traumatisée, a refusé l'examen gynécologique. Il est vrai qu'il est recommandé d'endormir les enfants pour faire ce genre d'examen, mais la france est encore au Moyen-Age en la matière.
Quelle a été la réponse judiciaire ? Avec le rapport de l'ASE contre moi il avait des arguments de poids et comme je vous ai dit j'ai eu connaissance du rapport seulement la veille de l'audience de sorte que je n'ai pas pu me défendre. J'étais choquée de voir comment se déroulait l'audience et comment les magistrats ne tenaient pas compte des propos tenus par Mélodie en salle Mélanie. La JAF qui m'avait accordé la garde principale 1an plus tôt et avait eu en main le rapport de l'enquêteur social et le compte rendu du pédopsychiatre a donné la garde principale au père en me jugeant inapte à faire la part des choses et à prendre de la distance avec le conflit.
Mais ce n'est pas un conflit ! Du harcèlement et des maltraitances ne sont pas un "conflit" Le juge des enfants, lui, n'a pas accordé de crédit aux dires du père et il a demandé une expertise psychiatrique. Celle-ci révèle une personnalité narcissique pour le père, elle me décrit comme apte à prendre soin de ma fille et de faire preuve de discernement et elle décrit Mélodie comme très attachée à sa maman, en avance intellectuellement et parfaitement capable de faire la différence entre le réel et l'imaginaire. Lors de cette expertise Mélodie a déclaré spontanément que son père est méchant avec elle, qu'il la tape et fait des "bêtises"
Commentaires